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Zelda, Princesse bibliophile

High Fidelity (Nick Hornby)

20 Août 2013, 17:56pm

Publié par Reika

High Fidelity (Nick Hornby)

 

   J'ai envie de partager avec vous mon dernier coup de coeur littéraire : High Fidelity de Nick Hornby (Haute fidélité, en français, mais vous savez que je préfère lire en VO, non ?).

   C'est un livre que j'aurais pu ne jamais lire de ma vie. Peut-être que je n'en aurais jamais eu l'idée si on n'avait pas indirectement attiré mon attention sur son contenu. En réalité, je cherchais plutôt un film sympa, le genre léger mais qui fait quand même réfléchir, et quelque chose de bien, qui ne me fasse pas soupirer d'ennui, ni bondir sur mon siège d'exaspération parce que c'est n'importe quoi. Et on m'a conseillé l'adaptation de ce best-seller, qui est malheureusement absente des collections du réseau de médiathèques où je vais. Par contre, on avait le bouquin, alors je me suis dit "va pour le bouquin", surtout qu'il y a peu de chances que j'aie l'occasion de voir le film un jour (à moins de l'acheter, mais je n'achète déjà que peu de films testés et approuvés, alors ceux que je n'ai même pas vu, encore moins).

     Eh bien, je ne regrette pas. Non seulement le style de l'auteur me convient très bien (juste assez d'humour pour captiver, pas trop de temps morts, peu de tics de langage, et une jolie musique des mots) mais en plus, il a fait résonner des choses en moi.

 

   Je vous situe vite fait l'histoire : Rob, disquaire en Angleterre, se trouve à un tournant de sa vie lorsque Laura le quitte et que la récession met son commerce en difficulté.

   Une histoire assez simple, voire même banale, pourrait-on dire.

 

   Je ne pense même pas vraiment que c'est l'histoire, autrement dit, l'enchaînement d'événements formant un tout construit, avec un début et une fin, qui est intéressante. En fait, c'est surtout un prétexte à la réflexion sur soi, sur ce qu'on a fait, comment on en est arrivé là où on est. C'est un livre de bilan. Il commence par la liste des cinq ruptures les plus marquantes de la vie du personnage principal (il aime ça, les listes, il n'arrête pas d'en faire), liste ayant pour but de démontrer à Laura qu'elle n'a pas le pouvoir de l'affecter autant que d'autres ont pu le faire par le passé. Mais on sent bien qu'au fond, Rob se voile un peu la face.

   Et puis on suit ses pérégrinations introspectives au gré des événements et de ses découvertes et révélations parfois peu reluisantes. Car si la subjectivité est inévitable dans un texte à la première personne, Rob est somme toute assez honnête, même si ses aveux sont parfois inattendus. Et il a beau se montrer de mauvaise foi par moments, voire se vautrer dans le déni, la façade détachée qu'il tente de se donner craque un peu, de temps en temps, laissant apercevoir la complexité de ses failles.

  Je vous préviens d'ores et déjà que ma "critique" est particulièrement subjective aussi. Je me concentre sur les points qui prenaient un sens particulier en fonction de ma propre expérience des thèmes et situations abordés, et je ne cherche pas à faire la liste de ce qui pourrait plaire et déplaire à d'autres lecteurs : chacun est différent, et chaque lecture prend un sens différent selon le lecteur, et c'est particulièrement le cas d'un livre comme celui-là, que j'ai trouvé, eh bien, intime, d'une certaine manière.

   Assez rapidement, le narrateur m'est apparu comme un éclopé sentimental. Il parle beaucoup de relations amoureuses (ou simplement sexuelles), mais au final, j'ai trouvé que l'amour était assez peu présent dans ces relations (ou même dans ses réflexions sur celles-ci), comme s'il était incapable de s'attacher, d'arriver à nouer un lien qui aille au-delà du désir (qu'il soit purement sexuel ou non - car oui, le désir pour quelqu'un peut être autre chose que sexuel). C'est un peu triste, et pourtant, je n'ai pu m'empêcher de faire un parallèle avec ma situation et les gens que j'ai rencontrés. Suis-je certaine que mes relations aient souvent été à propos d'amour ? Non ; si je suis lucide, je dois admettre que l'amour en était la plupart du temps absent, même (voire surtout) quand je croyais qu'il était le plus écrasant de présence.

  Serait-ce générationnel ? Un signe des temps ? La faute à la société de consommation ? Je ne me lancerai pas dans le débat, mais voilà, ce roman m'a parlé parce qu'il m'a apporté de quoi nourrir mes réflexions sur ce sujet qui me préoccupe depuis quelques temps : où s'arrête le désir et où commence le véritable amour ? Comment faire la différence entre les deux, comment les lier ? Comment dépasser le premier pour atteindre le second, plus profond, durable et satisfaisant sur le long terme ? Ai-je déjà réellement aimé, ou n'ai-je fait que désirer, en appelant ça amour ?

Autant de questions auxquelles vous ne connaitrez pas mes réponses (je ne les ai pas forcément trouvées non plus, d'ailleurs).

  J'ai globalement trouvé que le narrateur était un petit con - n'ayons pas peur des mots. J'entends par là qu'il se montre immature, égocentrique, égoïste même, et peut-être un peu insensible, ou manquant de compassion dans des moments où ça lui serait fort utile. J'ai parfois eu envie de le secouer comme un prunier. Cependant, je dois aussi admettre qu'il est typiquement le genre d'hommes pour lesquels je craque (ou plutôt, craquais, parce que j'ai la ferme intention d'arrêter de faire de la merde - je me trouve trop vieille pour ça maintenant).

  Schéma personnel mis à part (que j'évoque tout de même parce qu'il a nécessairement eu une incidence assez forte sur le sens qu'a pris ma lecture), les faiblesses de Rob sont assez touchantes, ce qui en fait un personnage attachant malgré tout (mention spéciale à la scène du pull qu'il a peur d'enlever parce qu'il pourrait se coincer la tête dedans, au moment de coucher avec une nana - j'ai eu un fou rire, et à ce moment-là j'étais définitivement conquise). Ses peurs et ses souffrances vous prennent par surprise, alors que vous pensiez justement que c'était un idiot insensible, et l'auteur les formule d'une manière suffisemment habile pour faire mouche. Lorsque Rob est perdu, lorsqu'il a peur, lorsqu'il confesse son mal-être, il est désarmant. L'alternance bien dosée entre les moments où il est énervant et ceux où il est en détresse fait que l'on apprend sans cesse de nouvelles choses sur lui. Se familiariser avec lui et son univers est une découverte perpétuelle. Chaque fois que je posais le livre, je pensais que je commençais à le cerner, et chaque fois que je reprenais le livre en main, j'apprenais de nouvelles choses qui m'émerveillaient.

   De plus, Rob ne fait pas que se livrer, il fait aussi participer le lecteur, il l'interpelle et l'interroge, le force à ne pas se contenter de recevoir passivement son récit.

   Ce que j'ai le plus aimé dans ce livre, ce qui en a fait sa force à mes yeux, c'est d'avoir l'impression de discuter avec quelqu'un de son expérience, quelqu'un d'assez différent de moi pour que son récit suscite étonnement et curiosité, mais aussi d'assez similaire pour que ses réflexions trouvent un écho chez moi. Il m'est arrivé, comme vous pouvez le constater, de me demander où moi, je pouvais me situer, là dedans. Est-ce que je peux le comprendre, et compatir ? Est-ce que je ferais pareil ? En quoi ma façon de faire, de vivre, a différé de la sienne ? La relation dynamique instaurée entre le narrateur et son lecteur facilite cette réception de l'oeuvre. Ca lui donne une autre richesse : comme dans toute relation, chaque lecteur vivra différemment cette rencontre avec Rob.

   Car ce livre est effectivement comme une rencontre. Petit à petit, on fait connaissance avec le narrateur, avec son univers, sa façon de voir les choses, et qu'on soit d'accord ou non avec lui importe peu : c'est presque comme un échange, un dialogue qui amène à porter un regard neuf sur sa propre expérience.

  Sans m'identifier à lui parce que trop différent de moi, j'ai trouvé quelques points d'accroche avec lui. Cette quête de soi, ces incertitudes et ce bilan sentimental viennent à point nommé dans mes lectures, alors que je suis justement dans une période de remises en question similaire (je crois que je suis en train de dire que ce roman m'aurait peut-être moins emportée si je l'avais lu à un autre moment de ma vie). Le dialogue n'en a que mieux fonctionné.

 

   Pour tout vous dire, j'ai tellement aimé ce livre qu'avant même de l'avoir fini et rendu à la médiathèque, j'ai couru chez mon libraire pour le commander. Et quand j'ai réalisé qu'il ne me restait qu'une page à lire, j'ai laissé échappé un juron de frustration (ce qui m'arrive très rarement). Je sens que je vais avoir besoin de le relire plusieurs fois pour en épuiser tout le sel. Dans mon enthousiasme, j'ai même acheté un autre roman du même auteur.

 

Did I do and say these things ? Yes, I did. Are there any mitigating circumstances ? Not really, unless any circumstances (in other words, context) can be regarded as mitigating. And before you judge, although you have probably already done so, go away and write down the worst four things that you have done to your partner, even if - especially if - your partner doesn't know about them. Don't dress these things up, or try to explain them; just write them down, in a list, in the plainest language possible. Finished ? OK, so who's the arsewhole now ?

"High Fidelity", de Nick Hornby (Penguin, 2011)

What came first, the music or the misery ? Did I listen to music because I was miserable ? Or was I miserable because I listened to music ? Do all those records turn you into a melancholy person ?

People worry about kids playing with guns, and teenagers watching violent videos; we are scared that some sort of culture of violence will take them over. Nobody worries about kids listening to thousands - literally thousands - of songs about broken hearts and rejection and pain and misery and loss.

"High Fidelity", de Nick Hornby (Penguin, 2011)

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