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Zelda, Princesse bibliophile

Quitter les Monts d'Automne - Emilie Querbalec (Albin Michel, 2020)

11 Juin 2021, 11:45am

Publié par Zelda

Les heureux élus des prix des Imaginales ont déjà été dévoilés il y a un mois, alors que j’ai eu fort peu de temps à consacrer à mon blog. J’ai pris un peu de retard, mais qu’importe, je vous livrerai mon avis sur les deux livres restants !

 

Cette fois-ci, il s’agit d’un livre que j’ai cru ne jamais pouvoir lire. Après avoir réservé un exemplaire d’une autre médiathèque du réseau, je me suis absentée du travail juste avant son retour… Qu’à cela ne tienne, je vais négocier avec famille et collègues pour réussir à mettre la main dessus ! Sauf que tout le monde a eu beau retourner la médiathèque dans tous les sens, cet exemplaire a disparu à partir du moment où les collègues de l’autre médiathèque l’ont gentiment envoyée vers la mienne… Un mois et demi plus tard, j’ai renoncé, et récupéré l’exemplaire lu par une autre collègue. OUF !

Et alors que l’attente était à son comble… seule la déception fut au rendez-vous.

Quitter les Monts d’automne raconte les aventures de Kaori, orpheline ayant grandi avec sa grand-mère conteuse dans un monde où l’écrit est interdit et où le savoir se transmet par une tradition orale ancestrale. Malheureusement, l’enfant n’a jamais connu le Ravissement, nécessaire pour devenir conteur, et doit se rabattre sur le métier de danseuse. Pourtant, un mystérieux objet légué par sa grand-mère la remettra sur le chemin du Dit, et l’obligera à quitter sa planète natale en quête de vérité…


J’avoue d’emblée et à grand regret ma déception sur ce titre que je me réjouissais de lire, bien qu’il ne soit pas dépourvu d’attraits ni d’intérêt. Si j’étais rapidement fascinée par la culture d’inspiration asiatique de l’héroïne, j’ai tout aussi rapidement éprouvé un manque d’implication dans les péripéties qu’elle rencontre une fois passée l’introduction de l’univers et de ses enjeux.

Le texte est beau, poétique, et nous plonge d’abord dans une ambiance douce, faite de traditions et d’un cocon familial rassurant. Puis intervient une rupture brutale pour Kaori, élément déclencheur du développement de l’adulte qu’elle va devenir. En perte de repères et sans aucune attache, elle doit trouver son chemin dans le monde seule, chargée du fardeau d’une relique taboue aussi fascinante que dangereuse. Car si l’on découvre l’objet qui est en sa possession, sa vie sera en danger.

J’ai apprécié l’approche de l’oeuvre, qui se déroule autour des concepts de transmission, de filiation, de tradition et de mémoire, un sujet qui s’intègre bien dans le cadre d’un prix où ce sont les professionnels de la conservation et de la transmission du savoir et de l’information qui votent.

Ce que nous appelons "identité" est un calque en perpétuelle oscillation.

Je lui trouve une certaine maladresse dans la progression de l’histoire, avec des rebondissements un peu forcés, et des personnages secondaires trop peu développés à mon goût. Ces derniers sont souvent assez intrigants et fascinants lorsqu’on nous les introduit, mais finissent par n’avoir pour seule fonction que de faire avancer l’intrigue, et disparaissent de l’esprit de l’héroïne - et du nôtre - une fois leur tâche accomplie. Arrivant à la fin du roman, j’en ai conçu l’impression désagréable d’une héroïne incohérente et inconsistante, aux attachements superficiels. Qu’est donc devenu son premier amour par exemple ? Pourquoi notre rencontre avec tel personnage ne dure-t-elle que quelques pages, alors qu’il semblait voué à devenir le mentor de Kaori depuis le début, et avoir un rôle capital dans son avenir ? Nous ne le saurons jamais, car ils n’apportent plus rien aux rouages de la narration depuis bien longtemps, alors qu’ils y ont déjà contribué si peu, par rapport à ce qu’on en attendait. Dommage, très dommage.

Vous l’aurez compris, je suis restée sur ma faim en refermant les pages de ce livre, mais le bilan n’est pas si mauvais : c’est une lecture agréable et intrigante, avec un vrai propos et qui démontre, à défaut d’être un chef d’oeuvre, qu’on est face à un beau potentiel qui ne demande qu’à s’affiner.

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